4 grandes fausses croyances sur le harcèlement sexuel :
L’ODD 5 prône l’égalité entre les genres. Comme le débat autour du harcèlement sexuel a relevé – une fois de plus – cette égalité n’existe que théoriquement dans nos sociétés. Pourtant, le développement durable est seulement possible si nous faisons attention aux aspects environnementaux et sociaux à la fois. Engageons-nous ensemble pour un développement durable qui prend des responsabilités sociales.
Même si le harcèlement est un véritable fléau social qui nécessite l’attention de tous, cet article s’adresse principalement aux hommes, le genre masculin ; la position des hommes dans notre société exigeant d’eux plus de prise de responsabilités dans l’atteinte de cet objectif de développement durable visant à garantir une égalité entre les genres.
Après des conversations menées avec de nombreux amis et collègues, hommes et femmes à la fois, nous voudrions mettre fin à 4 grandes fausses croyances qu’il est coutume de voir défendre lors des différents débats autour du harcèlement sexuel marginalisant ainsi le genre féminin.
Bien souvent, il peut être difficile de faire accepter son point de vue, si on n’est pas en mesure de l’étayer de manière convaincante. C’est pourquoi vous trouverez ici quelques bons arguments pour votre prochain débat afin que vous puissiez vous opposer ensemble avec moi aux fausses croyances.
Œuvrer pour l’égalité des genres, en combattant les discriminations et les violences faites aux femmes c’est protéger nos mères, nos filles, nos sœurs et nos épouses !
Voici 4 non-sens qu’on entend ou lit souvent :
1ère fausse croyance : le harcèlement sexuel est en partie la faute aux femmes et à leur habillement provocateur.

Réponse : Commençons cette réponse avec une question pour vous. Chers hommes, est-ce que, vous avez dû jamais craindre de ne pas obtenir un travail parce qu’on ne vous considère pas suffisamment beau ou sexy ?
Je doute fort que notre apparence physique soit un élément décisif lors de notre recherche de travail (sauf lorsqu’on candidate pour un travail principalement basé sur le physique).
Pour les femmes par contre, la situation se présente autrement. Malheureusement, elles ne sont pas jugées uniquement sur la base de leur qualification, leur éducation, leur compétence ou de leur motivation.
Souvent en effet, un employeur peut se dire, lorsqu’il doit choisir parmi plusieurs candidates féminines, “Bon, prenons la plus belle alors”. Est-ce juste qu’une femme soit sélectionnée sur la base d’autres critères que les critères utilisés pour un homme ? Des critères qui sont de surcroit superficiel, voire sexistes ?
La femme ne mérite-elle pas d’être évaluée uniquement sur la base de sa compétence professionnelle tout comme l’homme ?
C’est ironique et contradictoire même, que nous, les hommes, voulons souvent embaucher de belles femmes et, après nous leur reprochons que leur appartenance physique est la raison du harcèlement sexuel. En réalité, nous faisons entrer les femmes dans un cercle vicieux sans issue.
2ème fausse croyance : Mais qu’est-ce que vous avez, les femmes ? Il y a des lois contre le harcèlement sexuel ! Balancez vos porcs !

Réponse : C’est révoltant que des hommes, même les mieux instruits, pensent naïvement qu’en l’état actuel nos institutions favorisent l’application des lois existantes pour réprimer le harcèlement sexuel.
Chers hommes, vous savez que, dans notre pays et dans beaucoup d’autres pays d’ailleurs, il y a des lois pour beaucoup de délits. Mais mettre en œuvre une loi, voire une procédure légale, c’est une toute autre réalité.
Que se passe-t-il lorsqu’il n’y a pas de témoins ? Dénoncer le harcèlement sexuel, c’est déjà prendre un risque, parce que généralement, les femmes victimes de ce fléau ne trouvent personne pour les soutenir et témoigner en leur faveur. Pire encore, si la personne accusée est à un poste de pouvoir ou dans une position de chef, personne dans l’entreprise n’osera témoigner contre lui.
Le plus souvent, la femme qui a le courage de se manifester, est punie par la perte de son travail et toute sa famille se voit menacée.
Soyons honnêtes avec nous-même. Des fois, les contacts personnels sont au-dessus de la justice dans le pays. Imaginez alors la douleur de quelqu’un qui vient d’expérimenter un acte traumatisant qu’est le harcèlement sexuel et qui, maintenant, doit faire face à toute une lutte devant la justice.
Au-delà de cela, imaginez ce que la femme doit ressentir en faisant face à des commentaires du genre “Mais tu as tout inventé” ou “Tu veux juste attirer l’attention”… Ayons de l’empathie pour la victime. Ce n’est pas une expérience facile à vivre.
Celui qui n’a pas expérimenté le traumatisme du harcèlement sexuel, peut difficilement s’exprimer sur ce sujet et encore moins juger la victime.
Ce n’est pas l’homme blanc qui ne souffre pas du racisme, qui va nous apprendre comment gérer une telle discrimination. Donc, ce n’est pas non plus nous les hommes, qui pourrons dicter aux femmes comment gérer cette blessure insurmontable qu’est le harcèlement sexuel.
Voilà deux fausses croyances qui entravent “la participation entière et effective des femmes et leur accès en toute égalité aux fonctions de direction à tous les niveaux de décision, dans la vie politique, économique et publique.”
Notre prochain article va aborder les deux autres fausses croyances qu’il urge d’éradiquer de notre société. ALODE sollicite par cette occasion l’engagement de tous pour un accès effectif des femmes et jeunes filles en toute égalité aux fonctions de décision à tous les niveaux et dans tous les secteurs d’activité.
3ème fausse croyance : Mais elle n’a pas dit “non” !

Réponse : Soyons sérieux ! Ce n’est pas parce qu’une femme nous plaît, que nous avons le droit de faire d’elle ce que nous voulons. Sinon, cela voudrait dire que nous n’avons pas une tête ou un cerveau fonctionnel qui peut faire la différence entre ce que nous VOULONS et ce que nous POUVONS AVOIR.
Vous avez déjà une fois entendu le terme “relation consensuelle” ? Cela signifie que les deux parties impliquées disent explicitement “OUI”.
Et, croyez-vous que les femmes soient uniquement des objets à nos yeux ? Croyez-vous qu’une femme n’aurait pas le droit de s’habiller comme elle le désire pour se sentir bien elle-même d’abord ?
Imaginez la situation dans l’autre sens, juste pour une seconde… Imaginez, vous mettez une belle cravate et une chemise pour un entretien d’embauche et tout d’un coup, votre probable futur employeur commence à vous caresser la jambe, à toucher vos fesses, à vous chuchoter des compliments à l’oreille…
Cela ne vous semble-t-il pas un peu inacceptable et irrespectueux ? Ne seriez-vous pas choqué par ce comportement puisque vous êtes venu vêtu de vos beaux habits uniquement pour vous sentir à l’aise et avoir un look professionnel ?
Et oui, des fois, la femme ne dit pas non. Elle ne dit rien, par peur de perdre son travail, par peur d’être menacée par l’employeur, par peur de ne plus pouvoir nourrir sa famille… Cela ne veut pas dire qu’elle VEUT et qu’il ne s’agit pas d’un VIOL. Il s’agit toujours d’un ABUS DE POUVOIR sur elle : Ce qui est la définition même d’un viol.
Voulons-nous travailler avec des femmes qui vivent dans la peur parce que nous les traitons sans respect ?
4ème fausse croyance : Vous les femmes noires, vous aimez trop copier la femme blanche !

Réponse : C’est ce que disent souvent ces gens au jugement facile. Croyez-moi, c’est ce que les colonisateurs blancs ont voulu… Ils ont voulu la méfiance entre l’homme et la femme pour affaiblir et déstabiliser nos pays et nos sociétés.
C’est vraiment ironique que beaucoup de personnes croient toujours que la lutte de libération de la femme est une cause occidentale. Très loin de là !
Les sociétés dites occidentales / européennes ont beaucoup de problèmes de harcèlement sexuel et connaissent également beaucoup d’hommes qui oppriment les femmes. Contrairement à cela, dans notre pays, bien avant la colonisation, les femmes, nos mères, grand-mères, sœurs, filles et épouses, avaient une place noble dans la société et inspiraient le respect.
Le courage, la bravoure et la résistance de la femme sont bien plus béninoises que tout !!! Pensez seulement à nos femmes guerrières, les Amazones du Dahomey ! N’est-ce pas une source de fierté énorme pour notre pays ?
Si nous encourageons l’épanouissement des femmes, nous encourageons notre développement à nous tous et nous promouvons le développement durable et l’atteinte des ODD. Et surtout, nous défions enfin les colonisateurs qui exploitent la marginalisation de la femme pour continuer à nous asservir.